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De la débâcle des FARDC à la défaite du M23 : Radioscopie d’une guerre brouillée – JJ Wondo

Ecrit Par Unknown sur jeudi 15 mai 2014 | 08:13

Par Jean-Jacques Wondo
Le 20 novembre 2012, lorsque Goma est tombée aux mains des troupes du M23 appuyées par le Rwanda, le monde entier était surpris de voir une rébellion estimée à l’époque à 3.000 hommes mettre à genoux environ 20.000 FARDC déployées dans la 8ème Région militaire au Nord-Kivu et appuyées par les casques bleus de la Monusco.


Une victoire surprise arrivée contre toute attente alors que deux jours auparavant, les mêmes FARDC, conduites par le Général Bahuma Abamba qui avait réorganisé les troupes en ne reprenant que des militaires originaires de l’ouest du pays, avaient infligé de lourdes pertes au M23 dans les collines de Kibati et Kibumba causant des centaines de morts dans les rangs ennemis. La puissance de feu était telle que l’offensive entreprise contre le M23 entre le 15 et le 18 novembre 2012 pouvait rapidement se conclure de manière identique à l’offensive menée par les FARDC à partir du 28 octobre 2013 qui a vu Rutshuru, Kibumba, Kiwanja, Rumangabo et Bunagana s’écrouler l’une à la suite de l’autre sans coup férir.
 
Lors des affrontements qui se sont déroulés à Kibumba, Kibati et Munigi entre les 16 et 18 novembre 2012, les FARDC ont opposé au M23 une résistance farouche qui a causé plus de 150 morts dans le camp rebelle (Le Phare, 21 novembre 2012). Le 18 novembre 2012, pour des raisons non expliquées jusqu’à ce jour, le général Bahuma va recevoir l’ordre venant de Kinshasa de laisser le commandement des opérations au général Amisi. Ce dernier va ordonner aux FARDC de se replier à Sake, facilitant ainsi l’entrée du M23 à Goma, pratiquement sans combats.
 
Défendant la position de la MONUSCO durant la prise de Goma, la responsable de l’antenne locale à Goma, Hiroute Guebre Sellassie a exprimé son incompréhension de la fuite inexpliquée des FARDC en ces termes :
 
« Ils ont formidablement combattu le premier jour puis, pour des raisons que nous ne saisissons pas, ils ont tout simplement arrêté de combattre et sont partis ».
 
De plus, dans le rapport d’experts des Nations-unies (S/2013/96) du 15 février 2013, la MONUSCO déclare avoir activement soutenu les FARDC, y compris par un engagement militaire direct lors des affrontements qui se sont déroulés dès le 15 novembre 2012 à Kibumba, Kibati et Munigi, et jusqu’à l’entrée du M23 dans Goma. Et, dans certains cas, les forces de la MONUSCO se trouvaient seules au front. Selon ce rapport, la MONUSCO a lancé 18 missions au moyen d’hélicoptères de combat, qui ont tiré 620 roquettes, 4 missiles et 492 munitions de 30 mm.
 
Au sol, les véhicules de soutien à l’infanterie ont tiré environ 800 balles de 30 mm et la Brigade du Nord-Kivu quelque 4.000 munitions d’armes légères lors des affrontements avec les forces attaquantes qui cherchaient à progresser vers Goma.
 
Premier épisode : Victoire du M23 sans dividendes militaires car la solution est à Kampala
La chute de Goma fut pour le M23 et le Rwanda une victoire tactique militaire indéniable, surtout une défaite amère aussi bien pour les populations congolaises senties humiliées par l’ennemi et trahies par leurs autorités souffrant d’illégitimité mais aussi pour la communauté internationale pointée du doigt pour le laxisme de 20.000 casques bleus déployés au Congo. Paradoxalement, cet événement sonna le glas de la traîtrise dans les rangs de l’armée et de ses autorités, elle suscita une prise de conscience des populations congolaises. Mais la chute de Goma fut aussi une erreur stratégique monumentale du Rwanda et le M23, qui n’avaient sans doute pas mesuré l’ampleur de l’onde de choc de contestations unanimes suscitées par la prise de Goma, érigée en bastion stratégique de l’engagement de la communauté internationale en RDC.
 
En voulant humilier la Communauté internationale qui l’a fait « roi » dans les collines des Grands Lacs, Kagame ne s’était pas rendu compte que ce fut le début de sa défaite stratégique et probablement le début de son déclin. Ainsi, au lieu de savourer sa victoire, la pression de cette communauté internationale, au rôle flou et ambigu au Congo depuis 1960, contraignit le M23 à quitter Goma pour se poster à environ 20 Km aux alentours de la capitale du Nord-Kivu. En réalité, le M23 s’est plutôt prépositionné à moins de 5 Km seulement de Goma, aux alentours de la colline de Kibati.
 
Placé mains et poings liés, avec une armée lobotomisée par une cinquième colonne rwandaise, résultat des échecs de brassage, mixage et intégration mal conçus et mal opérationnalisés, le président Kabila, dans une stratégie de profil bas fut contraint d’aller négocier à Kampala avec un groupe rebelle considéré comme étant la marionnette du Rwanda. Une concession mal accueillie par l’opinion publique. Pour justifier sa stratégie, il dit, lors de deux discours au parlement et à la nation, la trilogie : politique, diplomatique et militaire, sans expliciter les mécanismes de leur réalisation. Ainsi, les négociations en tête entre le Gouvernement congolais d’un côté et le M23 de l’autre, débutèrent le 9 décembre à Kampala sous la médiation de l’Ouganda, un pays accusé par plusieurs rapports d’experts de l’Onu de soutenir le M23.
 
La population du Nord-Kivu et sa société civile, les moteurs du début du retournement de la situation favorable au Congo
 
Les négociations de Kampala se dérouleront sous une relative accalmie sur le front militaire pendant six mois sans aboutir à de réels résultats autour de la table. Pendant ce temps, les deux camps s’accusant mutuellement de provocation, d’intimidations et d’arrestations arbitraires dans les zones respectives sous leur contrôle, vont se renforcer militairement. La population du Nord-Kivu, conscientisée par la société civile locale, va comprendre que si elle veut que l’agression dont elle est victime puisse avoir un terme un jour, il lui faut jouer un rôle déterminant en faisant usage de la pression populaire dans la rue.
C’est ainsi que la population du Nord Kivu va déployer une triple stratégie qui se verra payante :
 
1°) Appuyer inconditionnellement les FARDC dont on savait qu’elles avaient déclaré au début de la guerre pouvoir cette fois-ci laver l’affront subi depuis bientôt deux décennies (malgré la trahison). Pour ce faire, elle décida de prendra en charge la motivation des militaires en leur offrant de la nourriture, carburant et en portant même les armes…, mais aussi à déployant le long des frontières avec le Rwanda et l’Ouganda, des équipes chargées d’observer tout mouvement des troupes en provenances de l’étranger et à le signaler directement auprès de l’autorité provinciale (le Gouverneur Paluku dont il faut saluer également le rôle joué à cet effet) et à la presse et dans les réseaux sociaux de l’internet de sorte que l’autorité congolaise et la communauté internationale n’aient d’excuses à dire qu’elles n’en étaient pas informées. Un travail de renseignement qu’aurait dû accomplir les drones promis par les Etats-Unis (qui ne sont jamais arrivés) ou les services de renseignement infiltrés par le Rwanda à tous les échelons.
 
2°) Faire la pression sur les Autorités congolaises en dénonçant et en déjouant toutes les tentatives suspectes visant à saper la volonté des FARDC de vouloir en découdre avec le M23. C’est le cas notamment des violentes manifestations contre le pouvoir et le Chef de l’Etat après la tentative avortée (confirmée par deus sources anonymes de l’EUSEC et de la MONUSCO) après qu’il ait vaillamment défendu Goma en mai 20013. Ici, Sous les conseils des experts congolais, les FARDC et les organisations de la société civile du Nord-Kivu vont mettre en place, s’inspirant de ce qui s’est passé en France entre 1940 et 1945, la résistance pendant l’occupation allemande, des réseaux de collaboration secrets permettant aux FARDC de transmettre à la société civile des informations sensibles et nuisibles à leurs actions ou relevant de « secret défense » de sorte à déjouer par la voie de la presse et des réseaux sociaux et diplomatiques des stratagèmes visant à saper la combativité des FARDC.
 
Une stratégie qui eut pour effet, de contraindre Kinshasa, cherchant plutôt à privilégier les options politiques et diplomatiques amorphes qui ont montré leurs limites depuis Pretoria et Sun City, de n’avoir d’autre choix que d’user du monopole de la violence légitime conférée à l’armée. Et nous n’avons jamais cessé d’y insister dans nos analyses ou lors de nos participations aux débats à la Radio Okapi, généralement en convergence de vues avec le Gouverneur de la province du Nord-Kivu ou les responsables de la société civile (Maître Omar Kavota ou Thomas D’Aquin Muiti,…).
 
3°) Pression sur la Communauté internationale : MONUSCO
Depuis la chute de Goma, la MONUSCO a subi de manière intense et continuelle la pression populaire du Nord Kivu et des organisations locales, nationales et internationales de la société civile au point qu’une certaine unanimité des dégageait pour que la « ONUSCO dégage ! ». Les installations et le personnel de la MONUSCO ont parfois fait l’objet des attaques très virulentes au point que celle-ci se permit d’abattre un manifestant à l’été dernier…
Une triple stratégique qui fut payante pour la RDC sur les plans diplomatique et militaire
Le résultat de la conjonction de cette triple stratégie et de l’onde de choc provoquée par la chute de Goma permit la conclusion de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba. Un accord, quoiqu’imparfait, préconise pour la première fois la résolution de la crise à l’est de la RD Congo dans une échelle régionale en recommandant des exigences aux pays voisins du Congo. Une opportunité que saisit le président tanzanien Kikwete pour crever l’abcès, en exigeant à son tour au Rwanda et à l’Ouganda de faire les mêmes efforts que ceux demandés à la RD Congo vis-à-vis du M23.
 
C’est-à-dire, d’envisager à leur tour, la possibilité d’initier des négociations directes avec leurs rébellions respectives, les FDLR et l’ADF-Nalu, installées à l’est de la RD Congo.
 
Une mini bombe atomique larguée dans les lacs du Kivu qui contribua sans doute et dans une certaine mesure, à la défaite du M23 avec l’engagement en première ligne, contrairement aux fausses informations livrées par une certaine presse propagandiste aux fins de récupération politique, des troupes spéciales tanzaniennes lors de l’assaut lancé contre le M23 qui aboutit à sa défaite. D’autant que dans les mois qui ont précédé ce dénouement éclair de l’épopée M23, on a assisté à des joutes verbales très agressives entre les présidents Kagame et Kikwete, menaçant chacun de corriger l’autre. A qui reviendra le dernier mot après la débandade du M23 ? Wait and see !
 
L’autre dividende de la pression populaire et de la société civile sur la communauté internationale, on pensera aux actions continues de plaidoirie et de lobbying menées par une coordination des ONG congolaises et internationales (ICG, Eurac, HRW, Global Witness, Société civile du Nord et Sud-Kivu, Diverses organisations de la Diaspora congolaise…) à New-York, surtout à Washington ont fini par payer. L’ONU sera obligée de voter une résolution qui fera date dans sa jurisprudence, en dotant pour la deuxième une de ses missions au Congo d’un mandat offensif, comme cela fut le cas en février 1961 (pour rappel aux mémoires courtes).
 
Cette fois-ci, avec la particularité de créer au sein de la mission ayant pour mandat la stabilisation de la RD Congo, une brigade spéciale d’intervention de 3009 hommes dotée des moyens militaires conséquents une mission offensive de lutter contre tous les groupes armés considérés comme étant des forces négatives de la région. C’est l’occasion d’ailleurs de relever ce paradoxe où le M23 est d’une part étiquetée de force négative pendant qu’en même temps on demande à un gouvernement de négocier à avec lui.
 
Si la mise en place de cette brigade fut laborieuse, il faut tout de même reconnaître le rôle déterminant qu’elle a joué aux côtés des autres facteurs qui ont concouru à la défaite du M23 : la cohésion animique armée-nation, la réorganisation des FARDC et l’affaiblissement du M23 depuis la déchéance de Ntaganda ayant traversé la frontière avec environ 800 hommes réputés très bons combattants (qui restent encore capables d’être réactivés à tout moment).
 
En évoquant la réorganisation des FARDC, les frustrations de la débâcle de Goma ayant secoué la haute hiérarchie militaire de l’armée au point que le risque d’une mutinerie généralisée de l’armée, évalué à « très élevé », pouvait à cette période emporter en un clin d’œil le régime congolais, déjà impopulaire suite à l’illégitimité de se principaux animateurs, les autorités ont compris qu’il fallait changer le fusil d’épaule.
 
D’où la réorganisation des FARDC en séparant le bon grain de l’ivraie (combattants ex-CNDP connus pour leur allégeance au Rwanda) au sein des unités combattantes. Seuls les militaires originaires des provinces ouest du Congo constituaient les nités déployées au front. Une tactique appliquée, pour rappel, par le feu Général Félix Mbuza Mabe à Bukavu en 2004 lorsque ses troupes et lui mirent en déroute les éléments du Colonel rwandais Jules Mutebusi et de l’actuel général Tutsi Obedi, le commandant de la 4ème Région militaire au Kasaï-Oriental, un des fiefs traditionnels de M. Etienne Tshisekedi qui conteste la réélection du président Kabila par la CENI. C’est toujours bon à savoir.
 
Il y a eu aussi la paie régulière des troupes avec la plus-value que le bras financier militaire de Kabila, le Général François Olenga, a repris le commandement de l’armée de terre. La gestion de la logistique a été confiée aux chinois. Les instructeurs belges ont également joué activement le rôle de conseillers techniques auprès des soldats des bataillons (321è et 322e) de réaction rapide. L’état-major de l’armée belge a sans doute tiré la leçon de la disparition d’environ 328 ex-élèves paras qu’ils ont formés à Kindu et à Lokandu au Maniema après la débâcle de Goma. Pour la Belgique qui tenait à brandir la qualité de la formation dispensée au Congolais, il fallait cette fois-ci, être présente – discrètement mais en suivant à la trace et en analysant au profit de ces deux bataillons, les éléments de manœuvre – et suggérer certains choix opératiques et tactiques opérés au niveau de l’état-major opérationnel.
 
Le M23 vaincu et démantelé définitivement ?
C’est la grande équation à n inconnues que les analystes et stratèges essayent de décrypter. Ce, d’autant qu’après leur défaite, qualifiée parfois par certains profanes de l’art militaire, de résultat de la blitzkrieg « guerre-éclair » sans comprendre au fond la dynamique de ce concept, l’on se demande que reste-t-il encore de la capacité de nuisance ou de résistance du M23 et du Rwanda pour qui la Guerre au Kivu est une question de survie vitale ?
 
Pour rappel, au plan tactique, la Blitzkrieg est d’abord fondée sur l’exploitation maximale du choc. Le choc initial (tactique) permet la percée (ouvrir) une brèche qui est suivie d’une exploitation dans laquelle la sûreté est assurée par la mobilité qui aboutit à la dissociation complète du dispositif de l’ennemi. Cette guerre-éclair a montré son efficacité en Pologne (1939), en France (1940), dans les balkans (1941) et en Russie (1941-1942) par des assauts répétés sans considération pour les pertes. Ce qui n’est pas le cas dans la guerre dite de « six jours » qui vient de se dérouler du 28 octobre au 2 novembre au Nord-Kivu. La caractéristique principale d’une blitzkieg, le choc, vise à détruire l’adversaire par la mise en œuvre d’une masse qui va agir avec la plus grande violence.
 
La blitzkrieg vise surtout à causer d’énormes pertes à l’ennemi par des attaques surprises.
 
Or dans cette guerre, on cite très peu de pertes humaines du côté du M23 mais bien de l’abandon du terrain à la suite du refus de soutien rwandais. Les seules victimes connues à ce jour sont trois militaires des forces spéciales tanzaniennes dans une guerre où l’on dit que les FARDC étaient au front et que la brigade d’intervention en appui. Un peu bizarre tout de même de voir que ce sont des unités d’appui qui perdent des hommes en lieu et place des unités de première ligne; soit! Cela fait sans doute partie de nombreux paradoxes de cette guerre de l’ombre.
Par ailleurs, sur le plan techniquement militaire, nous sommes en mesure d’affirmer que la défaite militaire du M23 et du Rwanda ne relève pas a priori d’une logique de repli stratégique. En effet, le M23 a perdu ses deux symboles stratégiques : Rumangabo, sa forteresse militaire et Bunagana devenue pendant un temps la « Capitale de la République des Mille Collines » selon certains caricaturistes.
 
Or le principe de repli stratégique, connu en tactique militaire par le concept de retraite stratégique, comme j’ai déjà eu à l’expliquer par le passé, vise à échanger de l’espace contre le temps : l’abandon de positions non vitales permet de raccourcir les lignes de communication et le front, de concentrer les forces restantes sur les positions vitales, tout en étirant les lignes de communication du poursuivant.
Or dans le cas du M23, ce sont des positions considérées vitales qui ont été abandonnées.
 
Il y a lieu de noter que la retraite stratégique est une opération toujours périlleuse car elle devrait être soigneusement étudiée, pour que le commandement soit préparé à y faire face et que les troupes l’appliquent avec dextérité. Ce qui n’a pas été le cas pour le M23 lorsque l’on analyse, sur base des éléments factuels de sa débandade, certaines données : abandon notamment du matériel militaire lourd, abandon de Rumangabo (verrou militaire) et abandon de Bunagana (centre névralgique stratégique de son occupation de la RD Congo).
Surtout que la fuite du M23 leur a causé aussi des pertes financières : Deux sociétés autrichiennes et australiennes ayant conclu de juteux contrats d’exploitation minière dans les zones sous contrôle du M23 ont dû plier bagage à l’arrivée des FARDC. Furieux, ces deux multinationales ont menacé de revenir militairement pour récupérer leur dû. Il semble que c’est Kinshasa qui a dédommagé, en lieu et place du M23, ces deux sociétés sans scrupules. Une autre face cachée de cette guerre de l’ombre qui ne cessera jamais de nous livrer ses secrets.
Par ailleurs, des sources introduites auprès de l’armée rwandaise, on nous signale que c’est sur ordre de Kagame, ne disposant plus suffisamment de ressort pour appuyer le M23 dans son aventure en RD Congo, qu’il a informé Makenga et se troupes de sauver car coincé et mis sous-pression intense par la communauté internationale. Tout cela pour dire qu’il ne s’agit pas de repli stratégique, même s’il n’est pas exclus que Kagame utilise les mêmes combattants pour une nouvelle aventure comme il l’a illustré par le passé. Rappelons que les retombées de cette guerre auraient fait des frais à Kigali où Kagame aurait limogé 6 généraux et chassé 600 soldats des rangs des RDF (Nous continuons à vérifier l’information).
En effet, vétérans de toutes les guerres régionales qui s’y sont opérées depuis 1990, il faut toujours craindre la faculté de reconversion tactique des combattants du M23 grâce à leur bonne connaissance du terrain qu’ils considèrent comme étant leur terre promise qu’il faut conquérir par tous les moyens. Et dans ce cas, ils sont capables, sous d’autres alibis et une nouvelle dénomination car Kagame est parti de l’AFDL en passant par le RCD, poursuivant avec le CNDP qui s’est mué au M23.
 
Le fait que le M23 se soit retranché dans les collines de Tchanzu et de Mbuzi, situées entre Rutshuru et Bunagana peuvent être des signes précurseurs pour venir à nouveau harceler le Kivu dans une sorte de guerre dite asymétrique face à un adversaire (FARDC-MONUSCO-Population du Kivu) numériquement et militairement plus puissant et désormais engagé. Une sorte de guerilla dans le but de harceler à nouveau le Kivu.
 
Une autre hypothèse pourrait concerner l’entrée officielle des RDF, l’armée rwandaise en action. Elle l’a déjà menacé. Ce, d’autant que des sources signalent le déploiement des combattants FDLR à Rutshuru.
 
Ainsi, lorsqu’il s’agit de la question des FDLR, Kagame n’a jamais transigé là-dessus car pour lui c’est sa survie et celle de son ethnie qui est en jeu… Une situation qui pourrait lui amener d’utiliser d’autres techniques de diversion en RD Congo où Kagame dispose encore suffisamment des leviers stratégiques à actionner. Des hommes-liges qui sont actifs et à son service au sein des institutions régaliennes de l’Etat pouvant toujours agir comme sa cinquième colonne que les FARDC n’ont pas neutralisés en vainquant le M23.
 
Enfin, si on comptabilise que le M23 a perdu peu de ses combattants auxquels il faut ajouter les 800 combattants de Ntaganda en repos au Rwanda et l’e préavis zéro ordonné aux RDF, il faut craindre que tous ces combattants non neutralisés, qui selon nos dernières estimations peuvent totaliser 2.000 (1.200 M23 + 800 ex-comabattants de Ntaganda), soient reversés ailleurs dans les frontières poreuses congolaises pour mener une nouvelle aventure dans ces Grands Lacs dont la tragédie est de ne cesser de créer des conflits plus qu’ils n’en consomment.
 
Deuxième épisode : Succès militaires des FARDC face au M23, une victoire piège car la solution est toujours à Kampala?
 
Encore Ouganda ou la stratégie d’usure pour forcer Kinshasa à accepter le diktat du M23 ?
Telle pourrait être notre conclusion intermédiaire dans ce deuxième round d’une guerre débutée le 6 mai 2012. Ceci pour la simple raison la victoire militaire du M23 n’avait pas conclu la guerre en novembre 2012 mais a été continuée en vain à Kampala. De même, au moment où la population congolaise jubile avec un triomphalisme émotionnel la défaite du M23, on voit la même communauté internationale, qui a contraint les deux parties aux négociations à Kampala il y a un an, insister à nouveau pour que, malgré la débâcle du M23, les deux parties aillent à nouveau trouver une solution à Kampala, qui rappelons-le restera toujours juge et partie dans ce conflit.
 
Et le Gouvernement congolais semble mordre à l’hameçon? Surtout que des sources concordantes affirment que Makenga a reçu, le jeudi dernier, un coup de fil d’un haut responsable congolais lui proposant de l’argent et d’autres compensations futures s’il acceptait un cessez-le-feu. Une proposition rejetée par quelques centaines de combattants retranchés avec le chef militaire du M23 dans les collines de Tchanzu et de Mbuzi et qui ont continué à résister aux assauts des FARDC jusqu’à dimanche soir, au moment où nous finissions cette analyse.
 
Alors que les analystes et les experts les plus spécialisés parlent de la nécessité de la signature d’un acte de reddition par le M23 reconnaissant sa défaite militaire totale, voilà une déclaration surprise de « cessez-le-feu » unilatéral du M23 vient brouiller les pistes. En effet, en acceptant ce principe de cesse-le-feu, le Gouvernement risque de reconnaitre l’existence militaire de ce groupe négatif et redonner un statut militaire et politique au M23 auquel les FARDC viennent d’infliger une défaite cuisante. Un paradoxe de plus (de trop?) dans cette guerre de l’ombre qui ne cessera d’étonner plus d’un observateur.
A quoi aura alors servi l’effort de guerre consenti par les FARDC et la société civile de voir un jour les criminels du M23 (déclaré force négative par l’ONU) revenir impunément (?)
Sur leurs lieux de crime après avoir été défaits militairement ?
 
Puis qu’il n’y jamais deux sans trois, après le CNDP et le M23, ce ne seront pas les mêmes qui reviendront sous une nouvelle dénomination pour s’exprimer dans le langage qu’ils ont toujours chéri, càd, la rhétorique belliciste? Et va-t-on encore demander aux FARDC de sacrifier leurs vies à nouveau? Vous voilà prévenus militaires FARDC et populations du Kivu…
D’où mes questions sans réponses en rapport avec le titre de cette analyse :
  • Que se cache-t-il derrière cette troisième guerre du Congo ?
  • Est-il écrit que les succès militaires comptent moins que les succès politiques ou diplomatiques lorsque l’on sait qu’en Angola, au Congo-Brazza en 1997, en Allemagne ou au Japon en 1945, ce sont les victoires militaires d’un camp qui ont été déterminantes pour la normalisation politique ?
  • Pour quoi faut-il s’entretuer à ce point et sacrifier des vies humaines innocentes lorsqu’après ces affrontements, qui se sont soldés par un vainqueur et un vaincu, la communauté internationale exige que tous soient vainqueurs et tous soient perdants en même temps, sauf les 6.000.000 des morts congolais ?
  • Est-ce parce que la RD Congo est incapable de gagner seule une guerre sans interférence extérieure ?
  • Pourquoi vouloir poursuivre les négociations avec le M23 vaincu militairement et ne pas avoir fait la même chose avec les rebelles Enyele en 2010 ?
Mesdames et messieurs les Congolais, à vous de tirer les conclusions.
Une chose est certaine, les jours, les semaines et les mois à venir nous dévoileront un peu plus la face cachée de cette guerre brouillée qui ne nous a pas encore livré toute sa lumière sur ses vrais tenants et aboutissants. Un troisième épisode à suivre dans cette guerre, qui risque de plonger la sous-région dans une période de turbulences lorsque l’on analyse les situations sociopolitiques internes échaudées en RD Congo, au Rwanda et en Ouganda avec des présidents qui, constitutionnellement, s’acheminent doucement vers la fin de leurs mandats respectifs.
Jean-Jacques Wondo
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